Le jour où Rome a été envahie par les touristes

Un article sur une confrontation entre lansquenets et gardes suisses ? Aussitôt après un article sur les flamberges qui mentionnait ces deux forces militaires et leur passion commune pour les lames ondulées et les vêtements aux couleurs criardes ? Serait-ce le début d’une stratégie éditoriale ?

In the heart of the Holy See
In the home of Christianity
The seat of power is in danger

There’s a foe of a thousand swords
They’ve been abandoned by their lords
Their fall from grace will pave their path, to damnation
[…]
Then the 189
In the service of Heaven
They’re protecting the holy line
It was 1527, gave their lives on the steps to Heaven
[…]
Under guard of 42
Along a secret avenue
Castel Sant’Angelo is waiting
[…]
Come and tell the Swiss Guard’s story again


Paroles de « The Last Stand » par Sabaton (source)

Les lecteurs attentifs n’ignorent pas que le club a quelques metalheads dans ses rangs, comme indiqué par notre article récent sur la tournée d’Iron Maiden. Mais parmi les groupes en vogue au club, il y a un autre groupe qui sait constamment trouver de nouvelles anecdotes historiques pour leurs chansons à défaut de trouver de nouveaux riffs : Sabaton. L’article d’aujourd’hui est donc inspiré par la chanson « The Last Stand » de Sabaton, qui fait partie de l’album éponyme paru en 2016, et qui raconte le sacrifice de la garde pontificale pour permettre la fuite du pape Clément VII lors du sac de Rome en 1527 par des troupes de lansquenets allemands (pléonasme ?) quelque peu chagrins de s’être faits gruger leur solde.

Le décor est donc planté, nous sommes en 1525, la sixième guerre d’Italie vient de s’achever avec la défaite, la capture, et l’emprisonnement de François Ier, roi de France, par les forces de Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique (et aussi la mort du Chevalier de La Palice). Les tractations politiques de cette période dépassant largement le cadre d’un humble article comme celui-ci, nous nous contenterons de retenir que François Ier est libéré sous caution (ses deux fils sont envoyés en otages à sa place) et doit signer un traité particulièrement désavantageux pour le royaume de France.

En 1526, le pape Clément VII, sentant que l’empereur du Saint-Empire fait légèrement concurrence à celui du Saint-Siège (il y a un indice subtil dans le nom), commence à craindre pour son poste dans l’éventualité d’une fusion-acquisition des États pontificaux1 par l’empire. Le pape décide donc de se rapprocher des (nombreux) ennemis de Charles Quint en créant l’Alliance rebelle la sainte ligue de Cognac le 22 mai 1526, avec en tête de liste François Ier, qui n’a pas vraiment digéré sa défaite précédente puisqu’il a rejeté le traité aussitôt rentré à l’abri derrière ses lignes.

La ligue attaque les terres du Saint-Empire en Italie, et l’empereur apprécie moyen. Il décide donc de sous-traiter une intervention militaire aux lansquenets allemands qui, accompagnés de soldats italiens et espagnols, vont aller expliquer gentiment à la ligue anti-impériale que Charles Quint souhaite le retour au calme dans son empire.

Les confrontations se multiplient, mais pas les salaires des mercenaires. Les troupes impériales se mutinent donc et forcent leur commandant, le duc Charles III de Bourbon (un officier français passé dans l’autre camp pendant la sixième guerre d’Italie après avoir été spolié de ses terres par la mère du roi de France) à mettre le cap sur Rome pour remplir leur caisses. Le capitaine des lansquenets s’opposera à cette décision et tentera de les arrêter jusqu’à ce que sa santé mette un terme à sa carrière militaire et le force à retourner en Allemagne ou il mourra l’année suivante.

Les forces impériales arrivent ainsi à Rome le 5 mai 1527, face à 5 000 miliciens et 189 gardes suisses (l’Histoire retiendra surtout les seconds). Les assiégeants se retrouvent avec un avantage d’environ 7 contre 1, mais doivent faire face à des remparts et de l’artillerie.

Les premiers combats entraînent la rencontre malheureuse du duc de Bourbon avec une balle d’arquebuse le 6 mai 1527 (l’artillerie aura joué son rôle), et toute prétention de discipline militaire disparaît avec lui. Il faut préciser que le duc portait une cape blanche bien visible pour être facilement reconnaissable dans la mêlée, task failed succesfully. En l’absence de commandement, les soldats de l’empire abandonnent toute retenue et rentrent dans Rome, pillant la ville et massacrant joyeusement la population locale.

L’armée chaotique finit par atteindre le quartier du Vatican, où les 189 gardes suisses tentent de ralentir son avancée pour permettre au pape de s’échapper. 147 gardes restent défendre l’escalier conduisant au tombeau de Saint-Pierre (gave their lives on the steps to Heaven), opposant une résistance qui restera dans l’Histoire (et dans la chanson), et les 42 gardes restants (qui seront les seuls survivants) escortent le pape jusqu’au château Saint-Ange (Under guard of 42 / Along a secret avenue / Castel Sant’Angelo is waiting) où il restera pendant 6 mois, jusqu’à sa capitulation et sa fuite discrète de Rome en décembre.

Les troupes impériales en désordre resteront presque un an à saccager la ville de Rome sans aucun commandement pour les garder sous contrôle, commettant pillages et violences sur la population, qui se vengera sur les mercenaires (la moitié des soldats seront tués en représailles). Viendront ensuite la famine et la peste, en raison des trop nombreux cadavres qui n’auront pas été enterrés.

La population de Rome était estimée à 55 000 habitants avant l’attaque en mai 1527. Au départ définitif des troupes en février 1528, il n’en reste que 20 %, soit environ 11 000 habitants.

Cet événement marque le début du déclin des lansquenets allemands, dont le manque de discipline (souvent lié à des défauts de paiement de leur employeur) couplé à l’évolution des stratégies militaires (montée des armes à feu qui entraîne la disparition des piquiers) conduira à la disparition des lansquenets vers la fin du XVIe siècle.

Aujourd’hui, la Garde suisse pontificale continue à protéger le Vatican avec leurs flamberges et leurs SIG-5502 (ils ont bien compris le rôle de l’artillerie), et sont à ce jour la plus ancienne armée du monde en activité. La modernité ne s’arrête pas là puisque le morion des gardes est maintenant réalisé en impression 3D pour une réduction de masse non négligeable (470 g au lieu de 2 kg). Une transition qui n’est pas sans rappeler les protections d’AMHE réalisées en matériau synthétique au lieu de métal (ce qui offre aussi un avantage non négligeable pour l’entretien) ! Enfin, la Garde suisse n’oublie pas son passé puisque le 6 mai reste le jour où les nouvelles recrues prêtent serment de fidélité.

  1. Environ 6 % de la surface de l’Italie actuelle, soit 100 000 fois la superficie du Vatican. ↩︎
  2. La Garde suisse utilise le pistolet Glock 19, les fusils d’assaut SIG-550 et SIG-552, le pistolet-mitrailleur HK MP7, et des bombes à poivre quand la liste précédente ne suffit pas. (source) ↩︎

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Il est temps de mettre flamberge au vent !

Après deux articles consacrés aux équipements défensifs, il est temps de repasser à l’offensive, et quoi de mieux pour cela qu’une des armes les plus iconiques qui soit : la flamberge !

Mettre flamberge au vent est une vieille expression française (attestée depuis au moins 1629) dont le sens premier signifie tirer son épée de son fourreau pour se préparer à combattre. Mais cette expression est souvent utilisée dans un tout autre sens (sortir son costume trois pièces), où à moins d’avoir un énorme complexe de compensation il serait plus réaliste de parler de braquemard (une épée courte à large et lourde lame) plutôt que d’une arme pouvant mesurer d’1m50 à 2m de long et qu’on aurait bien du mal à tirer d’un fourreau 😉 (d’ailleurs ces grandes épées n’avaient généralement pas de fourreau et étaient transportées à l’épaule ou en les tenant par le ricasso).

Mais de toutes façons, flamberge ne fait pas ici référence aux fameuses épées à deux mains à lame ondulée (comme le magnifique exemplaire que vous pouvez découvrir à gauche sur la photo ci-dessous) mais au nom propre d’une épée (initialement orthographié en Floberge ou Froberge) appartenant à Renaud de Montauban, le héros légendaire d’une chanson de geste française du XIIe siècle, et qui lui aurait été donnée par son cousin l’enchanteur Maugis !

Les étymologies de ces différentes flamberges semblent complètement différentes : l’épée littéraire (qui, vu son époque et les équipements défensifs qu’elle devait affronter était certainement une épée à une main à lame droite non ondulée) aurait pour sens originel chasse roc, couvrant le flanc ou encore protecteur d’homme, Le sens « moderne » viendrait de l’allemand Flammenschwert (épée de flamme, flamboyante) et le terme flamberge aurait été « récupéré » pour nommer ces épées ondulées.

Une flamberge n’est donc pas un type d’épée spécifique (elle n’apparaît pas en tant que telle dans la classification d’Oakeshott) mais un terme générique pour tout ce qui a une lame ondulée flamboyante. On trouve ainsi des épées à une main ou des rapières flamberges. J’ai surligné le mot flamboyant parce que Wikipédia va jusqu’à qualifier le kriss (poignard malais) de flamberge alors que celui-ci symbolise les ondulations du serpent. C’est pas du tout pareil mon bon Monsieur ! A moins que ce ne soit, comme dans le poème d’Aragon, plutôt lié aux utilisateurs : « ces assassins que craignent les panthères Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché » 😀

Mais revenons à nos grandes épées à deux mains. Celles-ci sont des armes de fantassins plutôt que de cavaliers (au risque sinon de tomber de cheval ou de décapiter celui-ci !). Elles ont notamment équipé certains lansquenets (mercenaires allemands) parmi les plus aisés, notamment ceux qu’on appelait double soldes, soldats d’élite combattant en première ligne qui s’équipaient également d’armes d’hast ou d’arquebuses. Ces soldats aimaient montrer leur situation financière en se pavanant en vêtements bouffants, colorés et dépareillés, assez extravagants (cf. la photo ci-dessous), qui ont, comme pour les armures noires, eux aussi influencé la mode de leur époque… Ces épées sont encore utilisées de nos jours par la garde suisse pontificale comme emblème de fonction (avec des uniformes que n’ont rien à envier à ceux des lansquenets), bien que les papes ne soient plus escortés par 6 porteurs d’espadons / flamberges lors de leurs sorties en chaise à porteurs.

Les flamberges sont beaucoup plus légères qu’on ne l’imagine (typiquement entre 2,5 et 4 kg), ce qui permet un maniement particulièrement vif et rapide (pas du tout comme dans la scène de combat entre les chevaliers vert et noir de Sacré Graal, que je mentionnais dans l’article précédent). Malgré cela, à moins d’être tanqué comme un Golgoth, c’est une arme dont on accompagne la chute plus qu’on ne la dirige, principalement une arme de taille donc (voire de concussion vu leur poids !), et marginalement d’estoc. Ceci exclut le combat en formation où l’on risquerait plutôt de massacrer ses propres équipiers : le porteur combat seul en avant de sa troupe comme j’ai pu le voir sur une gravure du château de Gruyères. Chez les lansquenets, ces armes étaient réputées être utilisées pour disperser les carrés de piquiers adverses. J’avais initialement un peu de mal à y croire, jusqu’à ce que j’apprenne que les piques de l’époque pouvaient mesurer jusqu’à 7 mètres de long (!!!), ce qui est certainement très bien pour arrêter une charge de cavalerie, mais moins pour utiliser son allonge pour empêcher un fou furieux équipé d’une flamberge de venir vous tailler en pièces… J’adhère ici à la thèse de Björn Rüther qui postule que dans ces conditions exigües la flamberge était utilisée en demi-épée en la maintenant par le ricasso, afin de rabattre une partie des piques (on est sur leur faible…) pour atteindre et décimer leurs porteurs. Le but n’est donc pas de débiter du petit bois (en largeur) mais de déboiter le bonhomme qui est au bout ! Comme toujours, on vise le corps de l’adversaire et pas ses armes et protections. Et s’il a plus d’allonge, on doit établir et maintenir un contact sur son arme et rusher pour arriver jusqu’à lui… Je reste dubitatif par contre sur l’utilité de la flamberge pour arrêter une charge de cavalerie, comme c’est parfois évoqué. Les lansquenets « fauchés » équipés d’une simple pique étaient là pour ça : chacun son rôle ! De même, l’utilisation dans une fonction de garde du corps ou de récupérateur de prisonnier derrière la ligne ennemie était possible (voir ici ou ), mais nécessitait un bon entraînement du binôme pour ne pas tuer soi-même le VIP à protéger 😀. Ce qui est sûr en tout cas, c’est qu’une arme avec une telle allonge et maniabilité est très pratique pour tenir en respect plusieurs adversaires !

Reste la question finale : est-ce que l’ondulation de la lame servait vraiment à quelque chose, à part impressionner l’adversaire ? Deux points semblent admis : ce serait plus efficace contre les protections en cuir ou en tissu et plus dangereux à attraper à la main. Deux points n’ont d’intérêt que pour les épées à une main : des blessures plus prononcées et un blocage ou ralentissement de la glissade de la lame adverse (de toutes façons arrêtée par les cornes devant le ricasso sur les versions à deux mains : cornes saillantes dans les versions de Munich et latérales dans celles de Brunswick). Plusieurs points semblent discutables : une plus grande efficacité contre les armures de plates due à la concentration de l’impact sur une plus petite surface, un effet couteau à pain augmentant l’efficacité des tailles tirées, une meilleure capacité à glisser entre les côtes de l’adversaire sans y rester coincé (!), ou encore la génération de vibrations dérangeantes dans l’arme de l’adversaire… En contrepartie, deux faiblesses ressortent : des lames plus fragiles et plus difficiles à affuter. Au final, rien de si décisif que cela, hormis une apparence qui en jette et une arme qui aujourd’hui encore ne laisse personne indifférent 😎

Quelques épées à deux mains et flamberges prises en photo au Kaiserburg-museum de Nuremberg, juste à côté de l’armure noire de l’article précédent !

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Les armures noires, pour les bad boys de tous les âges ?

Je profite d’une journée de déluge pour dépiler mon stock d’articles à écrire et poursuivre ma série sur les armures, avec le cas particulier des armures noires ou noircies qui sont peu courantes en occident (mais pas au japon où l’utilisation de laque noire fut un critère esthétique courant à partir de l’époque d’Edo et donnait sans doute un effet visuel équivalent au polissage européen).

En effet, l’armure est initialement un équipement de luxe que son coût réserve à la noblesse, qui en fait également un marqueur statutaire. Puisqu’ils en ont les moyens, les nobles fortunés peuvent donc se payer les services d’un écuyer ou d’un page pour entretenir leur armure en la polissant. Seuls les seigneurs qui souhaitent rester anonymes en gommant leurs armes héraldiques sont réputés se présenter en armure noire, et probablement plutôt en tournoi qu’à la guerre, où être reconnu comme une personne solvable constituait une véritable « assurance vie »…

La principale exception notable serait celle du « prince noir », Edouard de Woodstock, fils du roi d’Angleterre Edouard III, mais celle-ci est controversée. Son surnom de prince noir serait dû soit à la couleur de son armure ou de la housse qui recouvrait celle-ci, soit d’après ses détracteurs à sa noirceur d’âme (après la bataille de Crécy, il aurait fait exécuter tous les soldats français blessés incapables de payer leur rançon). En tout cas, il n’était pas utilisé par ses contemporains et n’apparaît qu’environ 200 ans après sa mort (mais de sources anglaises néanmoins)…

Quand la fabrication d’armures s’est industrialisée, les nobles ou soldats moins fortunés ont pu s’équiper d’armures de moins bonne qualité (principalement originaires de Nuremberg, où l’on ne parlait apparemment pas encore de Deutsche Qualität), qui pour la plupart étaient noircies de peinture pour masquer leurs imperfections, éviter qu’elles ne rouillent et économiser sur l’entretien. Ces chevaliers noirs, quand ils n’avaient pas prêté allégeance à un autre seigneur, étaient sans bannière et se vendaient au plus offrant comme mercenaires. Le vernis utilisé déteignait parfois sur le visage et les mains du porteur, qu’on appelait pour cette raison « diable noir » ou « barbouillé ».

Parmi ces mercenaires équipés d’armures noires ou aux visages barbouillés, on doit citer les reîtres noirs, de sinistre réputation, apparus en Allemagne vers 1540 et qui se vendaient à un camp comme à l’autre pendant les guerres de religion. Au-delà de son aspect fonctionnel (un compromis entre protection et mobilité), l’armure retrouvait une fonction de déstabilisation psychologique : la conjugaison des exactions des reîtres noirs et la couleur de leur armure inspirait la terreur (les légionnaires romains recherchaient le même effet quand ils marchaient en formation avec le bruit provoqué par l’entrechoc des petites pièces de métal accrochées aux lanières de cuir pendant de leur ceinture).

Ces « bad boys » vont ensuite inspirer une véritable mode pour des armures noires d’apparat auprès de gentilshommes fortunés, séduits par (le côté obscur) la liberté et l’indépendance prêtées aux tactiques de harcèlement utilisées par ces reîtres noirs. Mais les armures de cette époque ne répondent déjà plus à des nécessités fonctionnelles de protection et s’apparentent bien plus à un costume lié au rang ou à la fonction du porteur. Il existe ainsi plusieurs portraits de rois de France en armures noires, notamment d’Henri IV, Louis XIII (dans l’armure de papa ?) et Louis XIV. Gilles de Rais, qui semble être un very bad boy, sera également représenté en armure noire, mais dans un portrait imaginaire très tardif…

Bien plus tard, vers la fin des années 1950, on voit apparaître une nouvelle mode, celle des blousons noirs, qui vont semer la pagaille dans les rues de Paris… Et vers la fin des années 1970 (mais dans une galaxie lointaine, très lointaine…), le bad boy ultime, le seigneur noir des Sith, Darth Vader (mélange de dark/death invader, devenu Dark Vador en VF), revêtu d’une armure noire high-tech d’inspiration germano-japonaise, qui a bien évolué au cours de la saga. J’ai d’ailleurs une révélation à faire sur le seigneur Vader ! Contrairement à ce que l’on dit, celui-ci ne serait pas le produit d’une conception virginale, mais un lointain descendant du Chevalier noir vu dans Sacré Graal ! Je vous laisse en juger d’après ces portraits de l’aïeul et de son rejeton, ma foi très ressemblants 🙂

Ci-dessus, photo d’armure noire de sous-officier lansquenet
prise au Kaiserburg-museum de Nuremberg.

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Les Arts Martiaux Antiques Européens

Peut-être connaissez-vous l’armure mycénienne de Dendra, la plus ancienne (15ème siècle avant JC) armure complète en Europe ?

Celle-ci est conservée à Nauplie, en Grèce, et bien que j’y sois passé récemment et que j’envisageais l’écriture de cet article depuis plus d’un an, j’ai malheureusement omis d’aller la voir (j’ignorais qu’elle était là !).

Longtemps considérée comme une armure cérémonielle (car semblant restreindre fortement la mobilité du porteur), elle a récemment fait l’objet d’une étude scientifique originale (inspirée d’une étude plus générale sur les armures de l’âge de bronze) avec le concours de l’armée Grecque.

Pendant une douzaine d’heures, 13 militaires volontaires ont ainsi été équipés de répliques de l’armure (27 Kg !), nourris comme les soldats de l’époque et suivis avec différents capteurs et mesures lors d’une simulation de bataille, alternant phases de repos, de déplacements (sprints, endurance) et de combats à haute intensité, à la lance et à l’épée. Les données recueillies ont été analysées avec un logiciel / modèle développé pour l’occasion : Late Bronze Age Warrior Model.

Conclusions : l’armure de Dendra est non seulement parfaitement fonctionnelle, mais a manifestement été vraiment conçue pour la guerre (super site, à visiter !). Plutôt destinée aux chefs, elle était extrêmement efficace pour les combats jusqu’à l’allonge d’une lance, potentiellement depuis un char. Ces derniers devaient ensuite s’appuyer sur des troupes en armures légères pour assurer leur protection lors des combats plus rapprochés. Elle aurait ainsi constitué un avantage tactique discriminant pour les armées mycéniennes de l’époque.

En tout cas nos amis Grecs ont peut être repoussé les limites des AMAE (Arts Martiaux Antiques Européens), nous faisant passer des affrontements de gladiateurs romains (« Joey, tu aimes les films de gladiateurs ? « ) aux combats de la guerre de Troie (notez qu’Ulysse portait le même casque en cuir, fourrure et dents de sanglier que vous pouvez voir ci-dessous).

Pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient tenter quelque chose d’approchant, je suggère la pratique estivale en plein cagnard de l’Hoplitodromos, la course en armure, qui fut introduite lors de la 65ème olympiade (en 520 avant JC), avec un régime alimentaire composé de pain sec, de bœuf, d’olives, de fromage de chèvre, d’oignons, de vin rouge et d’eau. Et s’il fait vraiment trop chaud pour courir, un petit ouzo fera sans doute aussi bien l’affaire 🙂

La photo ci-dessus est de Schuppi. Et pour faire bonne mesure voici une photo de mon cru d’épées mycéniennes, prise au Musée Archéologique de Mycènes :

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Pèlerinage Iron Maiden / Run for your lives world tour 2025

Au club, on pratique bien sûr l’escrime martiale, mais on a également pas mal d’amateurs de musique Heavy Metal et de fans du groupe Iron Maiden en particulier.

Nous ne pouvions donc pas rater le GRANDIOSE passage du groupe à Paris pour son 50ème anniversaire et avons envoyé une délégation commémorer dignement l’événement !

Mais même si ça nous fait juste plaisir d’en parler, il y a quand même de nombreux rapports avec notre sujet de prédilection.

D’abord, Eddie, la mascotte du groupe, débarque sur scène l’épée à la main (un British Royal Navy boarding cutlass 1804, si je ne me trompe) et mouline dangereusement à côté des membres du groupe pendant le morceau emblématique The trooper (« You’ll take my life, but I’ll take yours too. You’ll fire your musket, but I’ll run you through »).

Ensuite il y a la pochette de leur dernier album Senjutsu, où Eddie apparaît armé d’un katana, et dont le titre éponyme était selon Bruce Dickinson, le frontman du groupe, « just a really good excuse for a Samurai Eddie, which I think is cool » 🙂

Amateur d’escrime depuis l’âge de 13 ans, Bruce est LE lien du groupe avec notre sujet. Il a eu un très bon niveau national en Angleterre (bien qu’exagéré par le Sun ou parodié par Madhouse Magazine), a donné des leçons d’escrime à Los Angeles (l’anecdote est racontée dans l’excellent livre Iron Maiden Album par album où l’on voit Bruce dans une étonnante tenue qui évoque soit une chaleur excessive ou bien une incroyable confiance en soi !) et a même lancé une entreprise nommée The Duellist distribuant du matériel d’escrime sportive à la fin des années 80 ! Il pratique encore à un excellent niveau aujourd’hui et envisage même de défier Eddie sur scène au sabre laser.

Il est l’auteur de la chanson Flash of the blade sur l’album Powerslave, qui est la seule à ma connaissance à évoquer le fameux Sentiment du fer (« You’ll die as you lived In a flash of the blade In a corner forgotten by no-one. You lived for the touch For the feel of the steel One man and his honour »).

Le groupe a beaucoup d’autres chansons en rapport avec notre sujet dont, parmi les plus célèbres, The duellists (d’après le film) ou Invaders (sur les raids vikings), dont les thèmes ont été couverts sur ce site (ici et ), et Bruce serait lui même jadis apparu sur scène avec une épée sur la chanson The Clansman (d’après le film Braveheart)…

Up the Irons!, comme le dit le slogan du groupe, qui marche aussi bien pour les épées que pour les marteaux !

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Le retour du mardï

Le club, qui avait été quasiment décimé par le Covid, retrouve des couleurs !

En plus de nouveaux membres forts sympathiques, nous récupérons plusieurs membres historiques, dont notre fondateur Will (au centre en première ligne), de retour en région parisienne.

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Reprise des cours le 5 novembre

Chers membres,
Attention, le gymnase ferme ses portes pendant les vacances !
La reprise se fera le mardi 5 novembre à 19h30.
Profitez de ce répit pour aiguiser vos talents.
On se retrouve en pleine forme à la reprise ! ⚔️

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Rentrée du club

La reprise se fera mardi 10 septembre, à 19h30 (les séances du mardi commenceront désormais à ce nouvel horaire).

Au plaisir de vous retrouver en grande forme pour une nouvelle année !

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Forum des associations de Sèvres

Comme chaque année, le club était présent au Forum des associations de Sèvres pour présenter nos activités et les faire découvrir au plus grand nombre.

Malgré le temps pluvieux, notre pavillon a connu une belle fréquentation et la présence en force de nos membres a permis des discussions animées dans une atmosphère chaleureuse et amicale ! Certains membres intrépides ont même bravé la rouille avec leurs équipements faits maison :

Par ailleurs, nous remportons toujours un franc succès auprès des enfants, mais hélas pour eux ils doivent attendre d’avoir 18 ans pour nous rejoindre ! Une boîte de bonbons permettait toutefois de consoler les plus motivés 🙂

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Les bons et les mauvais vikings

Alors sur les vikings finalement pas si brutasses que ça, une revue de référence nous indique dans un article récent que Les Vikings norvégiens étaient bien plus violents qu’on ne le pensait jusqu’ici. Ils précisent toutefois que les vikings danois, au contraire, étaient quand même plus modérés…

C’est sans doute pourquoi le même site nous expliquait il y a 4 ans que Les Vikings étaient (presque) de braves gens !

Et dans un autre article on apprend que toute cette violence n’était pas le fruit d’une enfance malheureuse mais plutôt de la consommation d’Une fleur à l’origine de la rage guerrière des Vikings, les fameux berserkers.

Wikipedia nous apprend que cette fleur, la Jusquiame noire, entrait dans la composition de certaines bières :

On a retrouvé en Scandinavie dans une tombe datant de l’Âge de Bronze une bière aromatisée de plusieurs plantes (myrte, reine des prés, etc.), dont la jusquiame noire. Il est avéré que la jusquiame entrait dans la composition de certaines bières, où elle décuplait les effets de l’ivresse alcoolique. La plante aurait aussi pu être utilisée par la suite par des guerriers vikings, puisque ses effets correspondent en partie à la description faite de la transe des berserkers.

Il en irait donc des vikings comme des chasseurs :

Le journaliste : Mais au fond quelle différence y a t il entre le bon et le mauvais viking ?
Tous : (Rires)
Historien 3 : Ah j’l’attendais celle-là ! J’l’attendais… Non mais, le mauvais viking ? Bon, bah, c’est le gars qui a une épée, y voit un mec qui bouge, y’l trucide…
Le journaliste : Et le bon viking ?
Historien 3 : Le bon viking ? C’est un gars, il a une épée, une épée, y voit un mec qui bouge, y’l trucide… mais…
Historien 2 : … C’est pas la même chose ! Y’a le bon viking, et y’a le mauvais viking… Y’a le viandard, et y’a le non viandard.
Historien 1 : Bon, y faut expliquer. Tu vois, y’a le mauvais viking : y voit un mec qui bouge : y’l trucide, y’l trucide. Le bon viking : Y voit un mec : y’l trucide… mais c’est un bon viking !
Historien 3 : Voilà ! C’est ça ! On ne peut pas les confondre…
Historien 2 : Y’a le mauvais viking : y voit un mec, y’l trucide, c’est sûr… Alors là on le reconnaît à la ronde. Mais le bon viking : y voit un mec, y’l trucide, mais… c’est un bon viking quoi ! Bon, d’toutes façons, c’est des questions à la con ça…

Et pour ceux qui espéreraient doper leurs performances en combat, ne rêvez pas ! A moins de brasser soi-même sa bière, il ne semble plus possible de se procurer de bières à la jusquiame noire depuis le 16ème siècle, suite à la promulgation de la loi allemande de pureté de la bière en 1516.

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